Rue Roger-Henri Guerrand
La rue Roger-Henri Guerrand est une rue orientée nord-sud située dans le quartier 9 : Cleunay - Arsenal - Redon au sud-ouest de Rennes. Elle relie le boulevard de Cleunay au nord et l'avenue Jules Maniez ouverte au sud vers 2010 au milieu du quartier de La Courrouze. Passé le carrefour avec l'avenue, elle est prolongée par la rue Raymond et Lucie Aubrac menant au boulevard Jean Mermoz. Cette voie fut dénommée par délibération du Conseil Municipal de la Ville de Rennes le 2 février 2009[1].
Cette voie rend hommage à :
Roger-Henri Guerrand
éErivain spécialiste en histoire sociale
(6 juillet 1923, Sarrebruck - 10 octobre 2006, Rennes)
Issu d'une famille catholique et militaire, il est lycéen à Saint-Nazaire, puis poursuit en hypokhâgne à Rennes alors même qu'il nourrit une forte aversion pour la philosophie, le grec et le latin. À la même époque à Rennes, il milite ardemment à la Jec (Jeunesse étudiante chrétienne), alors semi-clandestine, et est même arrêté avec ses amis par la Gestapo pendant une réunion régionale qui se tient au Mans.
Après guerre, en 1949, Guerrand est le fondateur-directeur d'une maison de vacances pour étudiants près de Paris, dans un château légué par une riche américaine. Il y reste des années et tombe sur le livre du sociologue Paul-Henry Chombart de Lauwe Paris et l'agglomération parisienne. C'est la naissance d'une vocation. Dès 1960 Guerrand s'attelle sous sa conduite à une thèse pionnière (le logement social n'avait pas encore fait l'objet d’une telle étude générale et détaillée à l'échelle nationale) sur Les Origines du logement social en France, qu'il soutient en 1966.
Pendant ses années d'études et de recherche, il reste adjoint d'enseignement au lycée Chaptal, puis au lycée Janson de Sailly où il est responsable du bureau des absences. Il préfère enseigner ailleurs, dans des structures de formation professionnelles ou d'éducation populaire (fondant notamment « Culture et liberté »).
À la fois fouineur d'archives infatigable, chercheur original et raconteur hors pair, Guerrand exerce sa curiosité sur une foule de sujets sans liens apparents. Le 19e siècle (sa grande affaire), les militants sociaux, le logement ouvrier, l'Art nouveau, l'hygiène, le métro parisien, le contrôle des naissance, les profs… Tous ces thèmes donnent lieu à de multiples articles et à des livres qui mettent du temps à atteindre le succès. Il devra attendre 1985 – Guerrand est alors âgé de 62 ans – pour connaître le succès avec Les Lieux.
Il obtient le Grand prix de la critique architecturale en 1985 pour l'ensemble de son œuvre, puis fut Officier des Arts et lettres[2].
« Soudain, entre deux phrases, je découvre que Guerrand est Rennais, qu'il réside dans le quartier de la Poterie, derrière la Caisse régionale d'assurance-maladie. Je n'en reviens pas, moi journaliste, que cet auteur admiré habite à deux pas de mon lieu de travail. Lui, le spécialiste incontesté du logement social y est locataire d'un petit pavillon. Oui, locataire par choix moral et militant. Comme un pied-de-nez à ses origines grands bourgeoises, au château que sa grand-mère, une féministe début de siècle, possédait à Montauban, dans la campagne rennaise. Château pourtant tant aimé. »
— Georges Guitton
Origine : Place Publique, numéro 3, janvier-février 2010 • Recueilli par Manu35 • 2025 • licence
Sur la carte
Note et références
- ↑ Délibérations municipales, Archives de Rennes
- ↑ Article de Georges Guitton dans "Place Publique", numéro 3 de janvier-février 2010 - http://www.placepublique-rennes.com/article/Historien-du-quotidien-des-villes-Roger-Henri-Guerrand-un-grand-Rennais-meconnu-1