Terminus Rennes de Jacques Josse

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"Terminus Rennes" de Jacques Josse :

Voilà une injustice réparée. Rennes n'était jusqu'alors que peu présente en littérature. De nombreux auteurs y ont pourtant vécu, y ont des attaches, y sont passés, mais sans vraiment que cette ville leur laisse un souvenir tellement important qu'ils éprouvent le besoin de l'écrire dans un ouvrage littéraire. Descartes, Paul Féval, Villiers de L'Isle Adam, Alfred Jarry, Lecomte de Lisle, Chateaubriand y ont bien séjourné mais n'en ont laissé que peu de traces dans leurs écrits. D'autres villes comme Nantes ou Fougères ont eu plus de chance…

Jacques Josse est celui par qui cette injustice est réparée. Écrivain rennais, il est l'auteur de plusieurs recueils de petits textes brefs qui parlent de la Bretagne qu'il aime tant. Dans ce "Terminus Rennes", il s'agit bien de littérature et non de ces romans du terroir qui fleurissent un peu partout et souvent construits à partir de recettes identiques. Non là il s'agit de faire œuvre de création et se faire télescoper la littérature mondiale (Milan Kundera, Henri Thomas, Jack Kerouac, Georges Perros, Jean-Claude Pirotte, John Giorno, etc.) avec la mythologie rennaise. Vraiment salutaire que cette plongée dans les souvenirs communs à de nombreux rennais : le mur Dubonnet (qui va bientôt être détruit) de la place Sainte-Anne, la librairie Les Nourritures Terrestres que plusieurs générations d'auteurs, étudiants ou tout simplement passionnés de littérature ont fréquentée, la tour des horizons du haut duquel a sauté récemment un jeune parachutiste.

Jacques Josse esquisse aussi les mythologies futures des générations prochaines : le métro, la place de la République, la rue Saint-Michel, la rue Saint-Melaine, la zone industrielle sud-est, la friche de la ZI Chardonnet et bien sûr la rue Armand Rébillon où se confondent la villa Beauséjour et la Maison de la Poésie.

Quelques absences sans doute : la brasserie Kronenbourg réaménagée en immeubles, le marché Sainte-Thérèse en contrepoint de celui des Lices, Villejean et sa fac. Mais cet ouvrage ne se veut ni nostalgique, ni touristique, plutôt une photographie d'une ville bien dans sa région et son continent. On sent une ville ouverte à la rencontre, à l'amitié. Une ville d'humanistes dont Jacques Josse fait assurément partie. Un bel hommage à une belle ville de poésie.

Références