Belvédère, sculpture et automate d'art au Cap Mail de Rennes

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Belvédère, sculture animé au Cap Mail de Rennes
Belvédère destiné à mesurer et indiquer le temps au Cap Mail de Rennes
Vue générale du belvédère poétique installé quai Saint-Cyr à Rennes et imaginé par les frères Bouroullec (photo Erwan Corre)

Un Belvédère animé par un mouvement d'automate d’art, de sculpture et de tableau animé avec des androïdes mécaniques est posé sur le fleuve Vilaine au niveau du quai Saint-Cyr et du Cap Mail de Rennes édifié par Jean Nouvel.

Cet ouvrage d'art comporte un dispositif mécanique permettant de générer des mouvements ou d’émettre des sons. Si les mécanismes sont généralement cachés, ils peuvent également être visibles, et cela contribue à la dimension poétique et émotionnelle de l'objet[1].

Un savoir-faire à la croisée de l'art et de la mécanique

À la croisée des sciences, des arts et de la technique, les savoir-faire en mécanique d’art permettent de créer des objets destinés à mesurer et indiquer le temps à la façon de la mécanique horlogère (montres, pendules, horloges et chronomètres). Ils peuvent se traduire par des automates d’art et des androïdes mécaniques, des sculptures et des tableaux animés, des boîtes à musique et des oiseaux chanteurs.

Un design qui explore la dimension poétique et émotionnelle de ces objets

Le pays de Rennes est une région dans lequel l’artisanat demeure particulièrement vivant, grâce à la présence d’artisans hautement qualifiés et d’entreprises qui contribuent à la valorisation des savoir-faire (Nouvoitou), ainsi qu’à la mise en place d’une offre de formation complète. Historiquement, des familles entières exerçaient cette pratique, développant des méthodes d’apprentissage mais aussi des alliances professionnelles et familiales. L’apprentissage des savoir-faire débute généralement dans des écoles de formation. Aujourd’hui, des blogs, des forums, des tutoriels en ligne et des projets collaboratifs ouverts permettent à des praticiens de partager leurs savoir-faire. Ces savoir-faire ont une fonction économique, mais ils ont aussi façonné l’architecture, l’urbanisme et la réalité sociale quotidienne des régions concernées. La pratique véhicule de nombreuses valeurs telles que le goût du travail bien fait, la ponctualité, la persévérance, la créativité, la dextérité et la patience.

L’aspect intangible de la mesure du temps

Par ailleurs, la quête infinie de précision et l’aspect intangible de la mesure du temps donnent à cette pratique de mécanique d'art une forte dimension philosophique.

En 2016, une grande exposition du travail de Ronan et Erwan Bourroullec avait été organisée à Rennes. Exposée au FRAC Bretagne, aux Champs Libres et au Palais du Parlement de Bretagne, la manifestation montrait des travaux récents, pour la plupart inédits, développés dans trois domaines distincts : le design d'objet, les projets de micro-architecture et les projets pour l'espace public. Outre une collection de modèles de recherche et de photographies, de vidéos et de prototypes grandeur nature, l'exposition « Rêveries Urbaines » a présenté une vingtaine d'idées pour l'aménagement des espaces publics. L'exposition aux Champs Libres a fait naître l'idée qu'une Rêverie pourrait trouver sa place à Rennes.

Après trois ans de discussions, d'analyses et de conceptions, le projet de Ronan et Erwan Bourroullec avait pris des allures de folie - au sens d'une de ces petites constructions apparues dans les parcs et jardins du XVIIIe siècle, petits édifices qui ne servaient à rien, sans autre but précis autre que celui de satisfaire une fantaisie. A Rennes, la folie de Ronan et Erwan Bouroullec est un "Belvédère", posé sur la Vilaine à un emplacement remarquable par la qualité de son aménagement urbain (le Mail dessiné par Alexandre Chemetoff, l'avenue piétonne du Mail François Mitterrand, le Jardin de la Confluence et quelques architectures remarquables (Cap Mail de Jean Nouvel, le Mabilay de Louis Arretche, et l'Ascension Paysagée à paraître de MVRDV, Inside et le Charleston de Barré-Lambot).

Comme la plupart des objets conçus par Ronan et Erwan Bouroullec, le Belvédère frappe par sa simplicité de forme. Assis sur un pilotis planté dans la Vilaine, le Belvédère est composé d'une plate-forme circulaire en béton brut, couronnée d'une structure légère et élancée (13 m de haut), donnant l'impression d'une sorte de pavillon ou de kiosque à musique. Cette structure – un assemblage tendu de mâts en acier inoxydable et de haubans en aluminium anodisé – porte 32 orbes lumineuses et 16 mobiles sensibles au vent, qui renforcent l'impression d'objet extraordinaire.

Le Belvédère, qui rejoint le paysage sans l'encombrer, se distingue autant par sa présence que par sa discrétion. C'est à la fois un pavillon à voir de loin, depuis le pont de Bretagne ou ou les berges de la Vilaine, et un moyen d'offrir au public l'opportunité d'un nouveau regard sur la ville. Librement accessible par une passerelle depuis le quai Saint-Cyr, le Belvédère est comme une petite presqu'île, un prolongement de l'espace public, que chacun peut utiliser à sa guise : un lieu de contemplation pour ouvrir de nouveaux horizons, de nouveaux points de vue sur la la ville et le fleuve ; un lieu de nouvelles rencontres et un point de rencontre ; le lieu d'événements ponctuels ou réguliers.

Le Belvédère promet une nouvelle expérience de la Vilaine et trouve tout naturellement sa place à Rennes, une ville qui, avec son projet urbain « Rennes 2030 », œuvre à se réapproprier les berges du fleuve et à affirmer l'identité de son centre-ville.