« La paroisse Saint-Germain de Rennes en 1725 » : différence entre les versions

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<u>Transcription du "Mémoire pour Monsieur l'Intendant de Bretagne concernant la paroisse de Saint Germain de la ville de Rennes. [[1725]]."</u> :


"Mémoire pour Monsieur l'Intendant de Bretagne concernant la paroisse de Saint Germain de la ville de Rennes. [[1725]]."
"''La paroisse de Saint Germain de Rennes est ancienne, et a
''toujours passé pour une des plus considérables de la province ; son
''église est un grand vaissau assez propre, et assez orné ; mais un peu
''irrégulier par les augmentations qui ont esté faites en différent temps
''sans se conformer au premier dessein de l'ouvrage qui est tout de pierre
''de taille, elle est bastie sous le fief du roy. Les ducs de Bretagne ayant
''donné un terrain assez grand pour construire cet édifice.
''Il y avoit sur la paroisse plus de dix mille ames dès l'an [[1466]].  


"La paroisse de Saint Germain de Rennes est ancienne, et a
''Comme il paroist par la requeste présentée au duc François second pour  
toujours passé pour une des plus considérables de la province ; son
''avoir permission d'accroistre l'église, le nombre en avoit augmenté
église est un grand vaissau assez propre, et assez orné ; mais un peu
''depuis ce temps là, mais l'incendie arrivée à la ville de Rennes en 1720
irrégulier par les augmentations qui ont esté faites en différent temps  
''l'a considérablement diminué et augmenté celuy des pauvres. La cure
sans se conformer au premier dessein de l'ouvrage qui est tout de pierre
''est dans la présentation d'un chanoine de la cathédralle.  
de taille, elle est bastie sous le fief du roy. Les ducs de Bretagne ayant
donné un terrain assez grand pour construire cet édifice.
Il y avoit sur la paroisse plus de dix mille ames dès l'an [[1466]].  


Comme il paroist par la requeste présentée au duc François second pour
''Le palais est ce qu'il y a de plus remarquable dans cette paroisse, la
avoir permission d'accroistre l'église, le nombre en avoit augmenté
''première pierre y fust mise le 15 septembre [[1618]] par monsieur de
depuis ce temps là, mais l'incendie arrivée à la ville de Rennes en 1720
''Bourneuf, alors premier président, et par les commissaires nommés à
l'a considérablement diminué et augmenté celuy des pauvres. La cure
''cet effect. On enferma dans deux pierres deux médailles de bronze doré,
est dans la présentation d'un chanoine de la cathédralle.  
''sur l'une desquelles est le portrait du roy, et sur le revers les armes de
''france pleines ; sur l'autre sont les armes de france mipartie de  
''Bretagne, et sur le revers celles de la ville qui fournist ces médailles. '' [...] - suite de la description dans l'article [[parlement de Bretagne]].


Le palais est ce qu'il y a de plus remarquable dans cette paroisse, la  
''Après le palais ce qu'il y a de plus remarquable dans la paroisse de
première pierre y fust mise le 15 septembre [[1618]] par monsieur de  
''St Germain est le collège des pères jésuites. Il fust fondé par la ville en
Bourneuf, alors premier président, et par les commissaires nommés à
''[[1604]] dans le prieuré de Saint Thomas où estoit l'ancien collège. Il y a
cet effect. On enferma dans deux pierres deux médailles de bronze doré,  
''cinq classes d'humanités, une de réthorique, deux de philosophie, une
sur l'une desquelles est le portrait du roy, et sur le revers les armes de  
''de théologie scholastique, une de positive, et un très grand nombre
france pleines ; sur l'autre sont les armes de france mipartie de  
''d'écoliers ce qui rend ce collège fameux dans la province, la maison est
Bretagne, et sur le revers celles de la ville qui fournist ces médailles.  
''commode et très logeable, les cours et les jardins sont d'une étendue
''très considérable pour une ville, et sa situation en est très avantageuse
''ayant pour point de vue les abbayes de Saint Melaine et de Saint
''Georges et une très belle campagne. Ce qu'il y a de plus considérable
''est l'église qui est une des plus belle et des plus régulière de la
''province. Ses proportions sont si justes et toute son ordonnance si
''exacte qu'elle pouvoit passer par un ouvrage parfait dans ce genre, si le
''portail répondoit à tout le reste de l'édifice, il est d'une très grande
''élévation, mais ses ornements en sont peu réguliers, le tabernacle est  
''d'un goust excellent. Les tableaux du maistre autel sont d'une bonne
''main, celuy de l'épiphanie ou de l'adoration des mages est de Jouvenet.
''Après l'église ce qu'il y a de plus remarquable est la congrégation des
''Messieurs dont le platfond est de Girardin qui excelloit pour la  
''perspective.  


Le palais est un bastiment caré composé de quatre corps de logis
''On trouve dans ce quartier le monastère des urselinnes, c'est une
élevés sur un massif dont tous les embas ou raits de chaussée sont
''communauté de plus de soixantes religieuses ; leur institut est de tenir
voustés. La façade est un beau péristile flancqué de deux pavillons en
''de petites écoles pour les filles pour lesquelles elles ont trois classes,
avant corps d'un ordre dorique très bien exécuté. On y monte par un
''leur fondation est de [[1617]] par dame Louise de Maure duchesse de  
grand escalier qui est en dehors au haut duquel on trouve une
''Mortemart. Leur église est très propre.  
plateforme ou terrasse très vaste d'où on entre dans la sale des
procureurs qui est un vaissau d'une grandeur extraordinaire fort élevé
qui se termine par un ceïntre orné au milieu d'un grand écusson des
armes du roy, le tout à compartiment en relief et semé de fleurs de lys d'or et d'hermines.  


A son extrémité on trouve deux galleries intérieures soustenues et
''Dans la [[rue Vasselot]] est situé le couvent des grands Carmes, il fut
formées d'arcades qui communiquent à toute les chambres. La cour est  
''fondé en [[1448]] par le duc François premier par lettres confirmées en
au milieu et environnée de cette gallerie, ce qu'il y a de plus
''[[1492]] par Charles huict roy de france, et par la duchesse Anne Reine de  
remarquable est le grand chambre qui excelle par la beauté de son
''France en [[1498]]. Cette communauté estoit autrefois de cent religieux,
platfond. La dorure et les ornements répondent à la finesse de ses
''mais elle est réduite à présent à 45. Elle est de la même province que
peintures qui sont D'Errart, elles ont toutes raport aux fonctions de la
''les Carmes de Billetes de Paris. Ce qu'il y a de plus remarquable dans
justice, la chambre du conseil est de Jouvenet, fameux peintre, et très
''ce couvent est l'église qui est ornée de deux beaux autels, et la  
ornée. Les autres chambres n'ont rien que de noble et de gratieux
''bibliothèque qui est une des plus considérables de la province.  
quoyque l'ouvrage n'en soit pas si fini. Enfin tout est si régulier, et
d'une architecture si exacte dans ce bastiment qu'il peut faire honneur à
son siècle, et passer pour un des plus beau palais de france, mais ce qui  
luy donnera un nouvel agrément est la place qui se construit
actuellement vis à vis. Les bastiments dont quelqu'uns sont déjà
commencés seront d'une architecture uniforme et très régulière. L'ordre
en est yonique. La statue équestre du roy Louis Le Grand qui sera
placée sur un pied d'estail de marbre enrichi de bas relief de bronze en
fera le principal ornement. La province en fait la dépence.  


Le parlement qui tient les séances dans ce palais est un des plus
''A l'entrée de la rue St Hélier, et en sortant de la ville, on trouve le
noble parlement de france. Il fust cré en [[1553]] par Henry 2. Au lieu et
''petit séminaire. C'est un nouvel établissement mais d'une grande vitalité
place de la chambre nommée le parlement des grands jours. Il fut
''pour le diocèse. Il a été fondé en [[1709]] par monsieur de Lavardin,
partagé en deux séances de chacune trois mois dont l'une se tenoit à
''évêque de Rennes, et des libéralités de quelques personnes de  
Rennes aux mois d'aoust, septembre et octobre, l'autre à Nantes aux
''considération mais qui ne son pas encore suffisantes pour l'entretient
mois de feuvrier, mars et avril. Henry 4 le prorogea pour toute l'année
''d'un grand nombre de jeunes ecclésiastiques qui y sont et formés à la  
et le divisa en deux semestres en le fixant à Rennes, son édict est de
''piété pour se répandre dans les paroisses du diocèse et y travailler au
[[1600]]. Depuis ce temps-là, il a toujours subsisté dans la même forme
''salut des ames conformément à l'esprit du Concile de Trente.  
jusqu'au mois de mars [[1724]] que le roy Louis 15 à présent régnant l'a rendu ordinaire en réunissant ces semestres autant pour le bien de ses
sujets de la province de Bretagne que pour faciliter le rétablissement de la ville de Rennes, par l'édit du mois de mars 1724.  


Le parlement de Bretagne est composé de six chambres, mais
''Outre ces communautés et ces églises, il y a à l'autre extrêmité de  
réduites à cinq par l'édit du mois de septembre de la même année, les
''la paroisse, du costé de la [[place Sainte-Anne|place Ste Anne]], une ancienne chapelle qui
deux des requestes ayant esté réunies. Ces chambres sont la grand
''servait autrefois à un hospital de ce nom, aujourd'huy un espèce de  
chambre, la tournelle, les deux des enquestes, et celle des requestes. La
''bénéfice simple à la nomination de la communauté de la ville. Le saint
grand chambre est composée de monsieur le premier président qui est à  
''sacrement y est réservé dans un tabernacle pour la communion des  
présent monsieur de Brilhac, de quattre plus anciens présidents à  
''malades qui se trouvent sur la paroisse de St Germain dans ce quartier
mortiers et de 34 conseillers, la tournelle de cinq présidents à mortiers
''qui est d'une grande étendue.
derniers en réception de vingt conseillers, sçavoir dix de grand
chambre, cinq de chacune chambre des enqueste, qui servent depuis
l'ouverture du parlement jusqu'à pasques et sont remplacés par un pareil
nombre de conseillers tiré de chacune des dittes chambres depuis
pasques jusqu'à l'ouverture de la chambre des vacations.


Les officiers qui servoient aux enquestes dans le semestre d'aoust
''Ce qu'il y a de plus remarquable dans la [[rue Saint-Dominique|rue St Dominique]],  
avant la réunion, ont suivant la déclaration du roy fait et composé la
''anciennement rue Haute, est le couvent des dominiquains, autrement de
première chambre des enquestes, et ceux qui servoient dans le semestre
''[[couvent de Bonne-Nouvelle|notre Dame de Bonne Nouvelle]] fondé en Jan 4, Comte de Monfort et  
de feuvrier, la seconde des dittes chambres. Les conseillers de l'une et
''duc de Bretagne, en mémoire et en reconnaissance de la victoire qu'il
de l'autre de ces chambres montent en grand chambre indifféremment
''avait remporté près de la ville d'Auray en [[1364]] sur Charles de Blois,
suivant l'ordre et l'ancienneté de leurs réceptions. Chacune de ses chambres est composée de trois présidents et de trente conseillers
''son compétiteur pour ce duché au quel ce dernier prétendoit avoir droit
comme il est plus amplement porté par le réglement du 5 juillet 1724.
''par sa femme Janne de Peinthièvre fille de Guy de Bretagne fils d'Artur
La chambre des requestes consiste en quatre présidents et douze
''Second au préjudice du comte de Monfort neveu du même Artur. La
conseillers. L'ouverture du parlement se fait le lendemain de la feste de  
''nouvelle qui fust apportée à ce prince par un héraut au fort de la
St Martin par un discours que fait monsieur l'avocat général, et un
''bataille de la deffaitte et de la mort de son ennemi donna à ce
autre prononcé par monsieur le premier président, il finist le 24 août de  
''monastère le nom de Couvent de Bonne Nouvelle. Ce héraut luy ayant
chacune année, après le quel temps commence la chambre des vacations
''crié, Monseigneur, bonne nouvelle vous este duc de Bretagne.
dont monsieur le premier président fait l'ouverture, elle est composée
''Ce comte, maitre de la province, mist la première pierre à l'église
de deux présidents à mortiers et de seize conseillers dont 8 sont de
''en 1368, le jour de la purification pour acquitter le voeu qu'il avoit fait  
grand chambre et quatre de chacune des enquestes, cette chambre ouvre
''le jour du combat. Il fust accompagné dans cette cérémonie des prélats
le 26 août le lendemain de la feste de Saint Louis et finist le 17 octobre
''et des Barons de la province qui firent des libéralités considérables à ce
veille de la feste Saint Luc.  
''couvent. Quelques papes à leur exemple l'ont favorisée de plusieurs
''grâces. Ce qu'il y a de plus remarquable est le choeur qui est fermé
''d'une grille de fer fort propre, l'autel est très orné et d'un beau dessein.  


Après le palais ce qu'il y a de plus remarquable dans la paroisse de
''La chapelle de la Sainte Vierge qui joint l'église est renommée dans  
St Germain est le collège des pères jésuites. Il fust fondé par la ville en
''la province par le grand concours de peuple qui s'y fait les jours de sa
[[1604]] dans le prieuré de Saint Thomas où estoit l'ancien collège. Il y a
''feste, l'autel fust beny par Pierre de Cornullier évesque de Rennes.
cinq classes d'humanités, une de réthorique, deux de philosophie, une
''L'image de la Sainte Vierge qui porte le nom de miraculeuse y fust
de théologie scholastique, une de positive, et un très grand nombre  
''placée en [[1623]]. Les représentations en cire et les voeux y sont en très  
d'écoliers ce qui rend ce collège fameux dans la province, la maison est
''grand nombre, mais le principal est celuy qui fust fait par la ville en
commode et très logeable, les cours et les jardins sont d'une étendue
''[[1632]] pour remercier dieu de l'avoir délivrée de la peste qui la desoloit
très considérable pour une ville, et sa situation en est très avantageuse
''depuis huit ans, c'est une ville représentée en argent avec tant d'art que
ayant pour point de vue les abbayes de Saint Melaine et de Saint
''l'on y distingue les édifices publics et les maisons considérables. La
Georges et une très belle campagne. Ce qu'il y a de plus considérable
''protection singulière que la mère de dieu a accordé dans toutes les
est l'église qui est une des plus belle et des plus régulière de la  
''occasions aux habitans de la ville de Rennes et particulièrement en 1632
province. Ses proportions sont si justes et toute son ordonnance si
''engagea cette ville à luy faire ce voeu qu'elle exécuta en [[1634]]. La
exacte qu'elle pouvoit passer par un ouvrage parfait dans ce genre, si le
''ceremonie qui s'en fist le jour de la nativité fust très ecclatante,
portail répondoit à tout le reste de l'édifice, il est d'une très grande
''l'évesque tout le clergé, et le parlement en robe rouge s'y estant
élévation, mais ses ornements en sont peu réguliers, le tabernacle est
''trouvés. Il y a dans ce couvent deux écoles publiques de théologie. On
d'un goust excellent. Les tableaux du maistre autel sont d'une bonne
''trouve à l'extremité de la paroisse près le [[pont Saint-Martin|pont St Martin]] une chapelle
main, celuy de l'épiphanie ou de l'adoration des mages est de Jouvenet.  
''sous le titre de Sainte Marguerite.  
Après l'église ce qu'il y a de plus remarquable est la congrégation des
Messieurs dont le platfond est de Girardin qui excelloit pour la
perspective.  


On trouve dans ce quartier le monastère des urselinnes, c'est une
''Le commerce principal qui se fait dans cette paroisse est celuy de  
communauté de plus de soixantes religieuses ; leur institut est de tenir
''fil dont la teinture est admirable par la qualité des eaux des deux  
de petites écoles pour les filles pour lesquelles elles ont trois classes,
''rivières la [[Vilaine|Villaine]] et celle de l'[[Ille|Isle]]".  
leur fondation est de [[1617]] par dame Louise de Maure duchesse de
Mortemart. Leur église est très propre.
 
Dans la rue Vasselot est situé le couvent des grands Carmes, il fut
fondé en [[1448]] par le duc François premier par lettres confirmées en
[[1492]] par Charles huict roy de france, et par la duchesse Anne Reine de
France en [[1498]]. Cette communauté estoit autrefois de cent religieux,
mais elle est réduite à présent à 45. Elle est de la même province que
les Carmes de Billetes de Paris. Ce qu'il y a de plus remarquable dans
ce couvent est l'église qui est ornée de deux beaux autels, et la
bibliothèque qui est une des plus considérables de la province.
 
A l'entrée de la rue St Hélier, et en sortant de la ville, on trouve le
petit séminaire. C'est un nouvel établissement mais d'une grande vitalité
pour le diocèse. Il a été fondé en [[1709]] par monsieur de Lavardin,
évêque de Rennes, et des libéralités de quelques personnes de
considération mais qui ne son pas encore suffisantes pour l'entretient
d'un grand nombre de jeunes ecclésiastiques qui y sont et formés à la
piété pour se répandre dans les paroisses du diocèse et y travailler au
salut des ames conformément à l'esprit du Concile de Trente.
 
Outre ces communautés et ces églises, il y a à l'autre extrêmité de
la paroisse, du costé de la [[place Sainte-Anne|place Ste Anne]], une ancienne chapelle qui
servait autrefois à un hospital de ce nom, aujourd'huy un espèce de
bénéfice simple à la nomination de la communauté de la ville. Le saint
sacrement y est réservé dans un tabernacle pour la communion des
malades qui se trouvent sur la paroisse de St Germain dans ce quartier
qui est d'une grande étendue.
 
Ce qu'il y a de plus remarquable dans la [[rue Saint-Dominique|rue St Dominique]],
anciennement rue Haute, est le couvent des dominiquains, autrement de
[[couvent de Bonne-Nouvelle|notre Dame de Bonne Nouvelle]] fondé en Jan 4, Comte de Monfort et
duc de Bretagne, en mémoire et en reconnaissance de la victoire qu'il
avait remporté près de la ville d'Auray en [[1364]] sur Charles de Blois,
son compétiteur pour ce duché au quel ce dernier prétendoit avoir droit
par sa femme Janne de Peinthièvre fille de Guy de Bretagne fils d'Artur
Second au préjudice du comte de Monfort neveu du même Artur. La
nouvelle qui fust apportée à ce prince par un héraut au fort de la
bataille de la deffaitte et de la mort de son ennemi donna à ce
monastère le nom de Couvent de Bonne Nouvelle. Ce héraut luy ayant
crié, Monseigneur, bonne nouvelle vous este duc de Bretagne.
Ce comte, maitre de la province, mist la première pierre à l'église
en 1368, le jour de la purification pour acquitter le voeu qu'il avoit fait
le jour du combat. Il fust accompagné dans cette cérémonie des prélats
et des Barons de la province qui firent des libéralités considérables à ce
couvent. Quelques papes à leur exemple l'ont favorisée de plusieurs
grâces. Ce qu'il y a de plus remarquable est le choeur qui est fermé
d'une grille de fer fort propre, l'autel est très orné et d'un beau dessein.
 
La chapelle de la Sainte Vierge qui joint l'église est renommée dans
la province par le grand concours de peuple qui s'y fait les jours de sa
feste, l'autel fust beny par Pierre de Cornullier évesque de Rennes.
L'image de la Sainte Vierge qui porte le nom de miraculeuse y fust
placée en [[1623]]. Les représentations en cire et les voeux y sont en très
grand nombre, mais le principal est celuy qui fust fait par la ville en
[[1632]] pour remercier dieu de l'avoir délivrée de la peste qui la desoloit
depuis huit ans, c'est une ville représentée en argent avec tant d'art que
l'on y distingue les édifices publics et les maisons considérables. La
protection singulière que la mère de dieu a accordé dans toutes les
occasions aux habitans de la ville de Rennes et particulièrement en 1632
engagea cette ville à luy faire ce voeu qu'elle exécuta en [[1634]]. La
ceremonie qui s'en fist le jour de la nativité fust très ecclatante,
l'évesque tout le clergé, et le parlement en robe rouge s'y estant
trouvés. Il y a dans ce couvent deux écoles publiques de théologie. On
trouve à l'extremité de la paroisse près le [[pont Saint-Martin|pont St Martin]] une chapelle
sous le titre de Sainte Marguerite.
 
Le commerce principal qui se fait dans cette paroisse est celuy de  
fil dont la teinture est admirable par la qualité des eaux des deux  
rivières la [[Vilaine|Villaine]] et celle de l'[[Ille|Isle]]".  




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<references/>
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* Manuscrit anonyme conservé aux Archives d'llle-et-Vilaine 1 F 292. Cité et commenté page 33 et suivantes du mémoire de maîtrise  
* Manuscrit anonyme conservé aux Archives d'llle-et-Vilaine cote : 1 F 292. Cité et commenté page 33 et suivantes du mémoire de maîtrise d'histoire Université de Rennes 2 - Haute Bretagne : "Saint Germain de Rennes : Un quartier ?" présenté par Christylla JACQUET-PELLETIER, 1990-1991, sous la direction de Claude NIERES.  
d'histoire Université de Rennes 2 - Haute Bretagne : "Saint Germain de Rennes : Un quartier ?" présenté par Christylla JACQUET-PELLETIER,  
1990-1991, sous la direction de Claude NIERES.  


[[Catégorie:Histoire et mémoire]]
[[Catégorie:Histoire et mémoire]]

Version actuelle datée du 9 novembre 2014 à 22:42

Transcription du "Mémoire pour Monsieur l'Intendant de Bretagne concernant la paroisse de Saint Germain de la ville de Rennes. 1725." :

"La paroisse de Saint Germain de Rennes est ancienne, et a toujours passé pour une des plus considérables de la province ; son église est un grand vaissau assez propre, et assez orné ; mais un peu irrégulier par les augmentations qui ont esté faites en différent temps sans se conformer au premier dessein de l'ouvrage qui est tout de pierre de taille, elle est bastie sous le fief du roy. Les ducs de Bretagne ayant donné un terrain assez grand pour construire cet édifice. Il y avoit sur la paroisse plus de dix mille ames dès l'an 1466.

Comme il paroist par la requeste présentée au duc François second pour avoir permission d'accroistre l'église, le nombre en avoit augmenté depuis ce temps là, mais l'incendie arrivée à la ville de Rennes en 1720 l'a considérablement diminué et augmenté celuy des pauvres. La cure est dans la présentation d'un chanoine de la cathédralle.

Le palais est ce qu'il y a de plus remarquable dans cette paroisse, la première pierre y fust mise le 15 septembre 1618 par monsieur de Bourneuf, alors premier président, et par les commissaires nommés à cet effect. On enferma dans deux pierres deux médailles de bronze doré, sur l'une desquelles est le portrait du roy, et sur le revers les armes de france pleines ; sur l'autre sont les armes de france mipartie de Bretagne, et sur le revers celles de la ville qui fournist ces médailles. [...] - suite de la description dans l'article parlement de Bretagne.

Après le palais ce qu'il y a de plus remarquable dans la paroisse de St Germain est le collège des pères jésuites. Il fust fondé par la ville en 1604 dans le prieuré de Saint Thomas où estoit l'ancien collège. Il y a cinq classes d'humanités, une de réthorique, deux de philosophie, une de théologie scholastique, une de positive, et un très grand nombre d'écoliers ce qui rend ce collège fameux dans la province, la maison est commode et très logeable, les cours et les jardins sont d'une étendue très considérable pour une ville, et sa situation en est très avantageuse ayant pour point de vue les abbayes de Saint Melaine et de Saint Georges et une très belle campagne. Ce qu'il y a de plus considérable est l'église qui est une des plus belle et des plus régulière de la province. Ses proportions sont si justes et toute son ordonnance si exacte qu'elle pouvoit passer par un ouvrage parfait dans ce genre, si le portail répondoit à tout le reste de l'édifice, il est d'une très grande élévation, mais ses ornements en sont peu réguliers, le tabernacle est d'un goust excellent. Les tableaux du maistre autel sont d'une bonne main, celuy de l'épiphanie ou de l'adoration des mages est de Jouvenet. Après l'église ce qu'il y a de plus remarquable est la congrégation des Messieurs dont le platfond est de Girardin qui excelloit pour la perspective.

On trouve dans ce quartier le monastère des urselinnes, c'est une communauté de plus de soixantes religieuses ; leur institut est de tenir de petites écoles pour les filles pour lesquelles elles ont trois classes, leur fondation est de 1617 par dame Louise de Maure duchesse de Mortemart. Leur église est très propre.

Dans la rue Vasselot est situé le couvent des grands Carmes, il fut fondé en 1448 par le duc François premier par lettres confirmées en 1492 par Charles huict roy de france, et par la duchesse Anne Reine de France en 1498. Cette communauté estoit autrefois de cent religieux, mais elle est réduite à présent à 45. Elle est de la même province que les Carmes de Billetes de Paris. Ce qu'il y a de plus remarquable dans ce couvent est l'église qui est ornée de deux beaux autels, et la bibliothèque qui est une des plus considérables de la province.

A l'entrée de la rue St Hélier, et en sortant de la ville, on trouve le petit séminaire. C'est un nouvel établissement mais d'une grande vitalité pour le diocèse. Il a été fondé en 1709 par monsieur de Lavardin, évêque de Rennes, et des libéralités de quelques personnes de considération mais qui ne son pas encore suffisantes pour l'entretient d'un grand nombre de jeunes ecclésiastiques qui y sont et formés à la piété pour se répandre dans les paroisses du diocèse et y travailler au salut des ames conformément à l'esprit du Concile de Trente.

Outre ces communautés et ces églises, il y a à l'autre extrêmité de la paroisse, du costé de la place Ste Anne, une ancienne chapelle qui servait autrefois à un hospital de ce nom, aujourd'huy un espèce de bénéfice simple à la nomination de la communauté de la ville. Le saint sacrement y est réservé dans un tabernacle pour la communion des malades qui se trouvent sur la paroisse de St Germain dans ce quartier qui est d'une grande étendue.

Ce qu'il y a de plus remarquable dans la rue St Dominique, anciennement rue Haute, est le couvent des dominiquains, autrement de notre Dame de Bonne Nouvelle fondé en Jan 4, Comte de Monfort et duc de Bretagne, en mémoire et en reconnaissance de la victoire qu'il avait remporté près de la ville d'Auray en 1364 sur Charles de Blois, son compétiteur pour ce duché au quel ce dernier prétendoit avoir droit par sa femme Janne de Peinthièvre fille de Guy de Bretagne fils d'Artur Second au préjudice du comte de Monfort neveu du même Artur. La nouvelle qui fust apportée à ce prince par un héraut au fort de la bataille de la deffaitte et de la mort de son ennemi donna à ce monastère le nom de Couvent de Bonne Nouvelle. Ce héraut luy ayant crié, Monseigneur, bonne nouvelle vous este duc de Bretagne. Ce comte, maitre de la province, mist la première pierre à l'église en 1368, le jour de la purification pour acquitter le voeu qu'il avoit fait le jour du combat. Il fust accompagné dans cette cérémonie des prélats et des Barons de la province qui firent des libéralités considérables à ce couvent. Quelques papes à leur exemple l'ont favorisée de plusieurs grâces. Ce qu'il y a de plus remarquable est le choeur qui est fermé d'une grille de fer fort propre, l'autel est très orné et d'un beau dessein.

La chapelle de la Sainte Vierge qui joint l'église est renommée dans la province par le grand concours de peuple qui s'y fait les jours de sa feste, l'autel fust beny par Pierre de Cornullier évesque de Rennes. L'image de la Sainte Vierge qui porte le nom de miraculeuse y fust placée en 1623. Les représentations en cire et les voeux y sont en très grand nombre, mais le principal est celuy qui fust fait par la ville en 1632 pour remercier dieu de l'avoir délivrée de la peste qui la desoloit depuis huit ans, c'est une ville représentée en argent avec tant d'art que l'on y distingue les édifices publics et les maisons considérables. La protection singulière que la mère de dieu a accordé dans toutes les occasions aux habitans de la ville de Rennes et particulièrement en 1632 engagea cette ville à luy faire ce voeu qu'elle exécuta en 1634. La ceremonie qui s'en fist le jour de la nativité fust très ecclatante, l'évesque tout le clergé, et le parlement en robe rouge s'y estant trouvés. Il y a dans ce couvent deux écoles publiques de théologie. On trouve à l'extremité de la paroisse près le pont St Martin une chapelle sous le titre de Sainte Marguerite.

Le commerce principal qui se fait dans cette paroisse est celuy de fil dont la teinture est admirable par la qualité des eaux des deux rivières la Villaine et celle de l'Isle".


Notes et références


  • Manuscrit anonyme conservé aux Archives d'llle-et-Vilaine cote : 1 F 292. Cité et commenté page 33 et suivantes du mémoire de maîtrise d'histoire Université de Rennes 2 - Haute Bretagne : "Saint Germain de Rennes : Un quartier ?" présenté par Christylla JACQUET-PELLETIER, 1990-1991, sous la direction de Claude NIERES.