Grande Rue des Stuarts (horlogerie)
La Grande Rue des Stuarts est l'emplacement d'une ancienne maison d'horlogerie qui symbolise remarquablement les efforts intellectuels, artistiques et scientifiques des XVIIe et XVIIIe siècles. En outre, elle souligne comment l’intérêt des sciences convoité par les Jésuites, jansénistes et philosophes a suscité une émulation à Rennes, à l'époque de La Chalotais, et une ouverture dès 1675 aux valeurs de tolérance, en mettant l'horlogerie et la mesure du temps (quête de la longitude) dans cet engrenage pour la navigation en mer.
Trois siècles plus tard, la Société d’Astronomie de Rennes (SAR) a été fondée en 1974[1]. Son équipe reste ponctuellement présente au Cadran, la Maison de quartier de Beauregard. Le Centre d’astronomie de La Couyère, équipement mis à la disposition de la SAR par Bretagne Porte de Loire Communauté[2] est inscrit, par arrêté ministériel, sur la liste des sites astronomiques exceptionnels (Arrêté du 27 décembre 2018[3]).
Le pays de Rennes et sa capitale en effervescence dans la querelle « des rites » passeurs de savoir
Une des quatre statues qui ornaient la façade du palais sur la place du Parlement de Bretagne jusque dans les années soixante-dix du siècle dernier était celle de La Chalotais, fulminant son fameux réquisitoire dans l'affaire des Jésuites, et la ville donna en 1862 à la rue parallèle au quai allant de la rue de Nemours à la place de Bretagne le nom de rue de La Chalotais.
Bécherel et le pays de Rennes semeurs d'étoiles
Initiée en 1989 par l'association Savenn Douar (le tremplin), Bécherel devient la première Cité du Livre en France et la 3ème en Europe, en s'inspirant de Redu (1964), Cité du Livre et de l'Espace, située dans les Ardennes belges qui abrite des antennes de l'Agence spatiale européenne (ESA).
Célestes, une promenade autour des cartes du ciel
Se balader dans les rues de la Cité du livre, la tête dans les étoiles, c’est la séduisante proposition de Célestes, une exposition organisée à la Maison du livre, à Bécherel.
Selon les époques et les cultures, les cartes du ciel offrent en effet une vision différente de l’univers. La promenade dans les rues de la Cité du livre a permis de découvrir plusieurs reproductions de cartes, datant du VIIe siècle à nos jours[4].
1675 : année de bataille des sciences et de l'opinion
L'affaire La Chalotais : véritable bataille de l'opinion
Ce brillant personnage caractéristique des élites provinciales éclairées, qui s’est illustré en contribuant à l’expulsion des Jésuites et auquel on prête quelques ambitions ministérielles liées à ses compétences dans le domaine agronomique, est brusquement arrêté en novembre 1765, et transféré au château du Taureau, en baie de Morlaix, puis interné à Saint-Malo.
Voltaire lui-même s’enflamme pour sa cause, et La Chalotais devient rapidement à la fois un héros des Lumières et de la Bretagne, dans ce qui prend l’allure d’une véritable bataille d’opinion.
Opposant farouche des Jésuites, il présenta au Parlement en 1761 un mémoire sur les constitutions de l'Ordre qui contribua à sa suppression en France. En 1763, il publia un Essai d'éducation nationale, dans lequel il proposait un programme d'enseignements scientifiques destiné à se substituer à ceux des Jésuites.
Un coup de tonnerre qui se superpose à l’intérêt des sciences convoité par les Jésuites, jansénistes et philosophes
Au XVIIe, six pères jésuites français partent pour la Chine, sous l’égide de l’Académie des Sciences et du mécénat royal de Louis XIV. Ils sont porteurs d’un savoir récent, d’un niveau scientifique élevé et d’un matériel de précision.
Colbert veut posséder des cartes exactes, facilitant la navigation et le commerce vers l’Extrême-Orient et se positionner par les sciences auprès de l’empereur chinois Kang Xi.
Louise Renée de Penancoët de Keroual et l'horlogerie ont attiré l'attention de Charles II Stuart sur les travaux et les instruments de l'Observatoire royal de Paris dirigé par le grand Cassini, visant à une mesure plus fiable de la longitude pour la navigation en haute mer. Cette information auraient conduit le roi d’Angleterre à consulter les scientifiques et astronomes anglais pour engager la construction de l'Observatoire royal de Greenwich.
Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, une navigation en haute mer sans repères était impossible. La longitude imposait de connaître l'heure réelle précise.
Après plusieurs jours de voyage connaître l'heure (solaire) de Greenwich permettait ainsi aux marins de calculer la différence de longitude entre la position de leur bateau et le méridien de Greenwich, puisque la Terre tourne de 15° de longitude par heure.
Un temps précurseur pour la quête de la longitude
"Whereas, in order to the finding out of the longitude of places for perfecting navigation and astronomy, we have resolved to build a small Observatory within our Park at Greenwich upon the highest ground … with lodging rooms for our Astronomical Observator and his Assistant."
Cet ordre, donné par le roi Charles II, conduisit à la fondation de l'Observatoire royal de Greenwich en 1675. Trois cent cinquante ans plus tard, il est l'un des sites scientifiques les plus importants au monde. Mais pourquoi l'Observatoire a-t-il été construit ?
L'astronomie était la clé pour trouver la « longitude tant convoitée des lieux »
Au XVIIe siècle, l'Europe dépendait de la mer pour commercer et rester en contact avec les autres nations. Cependant, voyager par mer était extrêmement dangereux.
Ce n'était pas seulement dû au vent et aux vagues. Une fois hors de vue de la terre, les marins n'avaient aucun moyen précis de déterminer leur position.
Déterminer leur latitude (leur position nord ou sud) à l'aide du Soleil et des étoiles était relativement facile. En revanche, déterminer leur longitude (position est ou ouest) était beaucoup plus difficile. L'Observatoire royal a été fondé afin de trouver une solution à ce « problème de longitude ».
Le rôle des horlogers pour mesurer la longitude
Parallèlement aux efforts des astronomes, les horlogers cherchaient également des moyens pour permettre aux marins de mesurer la longitude.
Pour déterminer la distance à l'est ou à l'ouest d'un marin par rapport à son lieu de résidence, il suffisait théoriquement de comparer son heure locale avec celle de son lieu de résidence au même moment. Cependant, concevoir une horloge suffisamment précise lors de longs voyages en mer semblait initialement impossible.
Dans les années 1760, le charpentier et horloger anglais John Harrison prouva la faisabilité d'un tel chronomètre. Le chronomètre de marine révolutionnaire « H4 » fut testé à l'Observatoire royal, et les quatre premières créations de Harrison sont aujourd'hui exposées dans la galerie « Heure et longitude » de l'Observatoire.
Naissance de la "Maison du Temps" : l'Observatoire royal de Greenwich, siège historique du méridien de Greenwich et du Greenwich Mean Time dit "GMT" dont les jardins inspirèrent le parc de Caradeuc, berceau de La Chalotais
Le 4 mars 1675, Charles nomma John Flamsteed « observateur astronomique » – un poste qui deviendra plus tard celui d'Astronome royal. Quelques mois plus tard, le 22 juin, le roi ordonna la construction d'« un petit observatoire dans le parc à Greenwich, sur le terrain le plus élevé ».
L'Observatoire royal de Greenwich a été fondé par Charles II Stuart en 1675[5], de retour d'exil
Le 29 mai 1660, Charles II rentre en Angleterre. Depuis neuf ans, il vivait en exil sur le continent, en raison des événements tumultueux de la guerre civile anglaise (1642-1651). Ce conflit acharné avait culminé avec l'exécution de son père, le roi Charles Ier, et l'abolition de la monarchie.
Le nouveau chef républicain d'Angleterre, le « Lord Protecteur » Oliver Cromwell, mourut en 1658. Ceci déclencha une série d'événements qui aboutirent à la restauration de la monarchie sous le règne du nouveau roi, Charles II.
Il resta sur le trône pendant des périodes très mouvementées de l'histoire britannique, notamment la peste de 1665 et le grand incendie de Londres en 1666.
Ouvert à de nouveaux dialogues cosmopolites, un nouvel âge d'or Stuart'istique et scientifique ?
À son retour en Angleterre, Charles constata que les palais royaux de la capitale avaient été vendus ou détruits par Cromwell et ses partisans. Le seul palais habitable se trouvait à Greenwich ; il se consacra donc à sa restauration.
Les astronomes de l'Observatoire royal ont effectué des milliers de mesures pour définir le méridien d'origine et établir la longitude zéro degré. À une époque où les smartphones et les satellites n'existaient pas encore, leurs travaux ont transformé notre façon d'explorer le monde. Le parc, dessiné à partir d'un concept original d'André Le Nôtre, abrite l'ancien Observatoire royal, œuvre de Wren et du scientifique Robert Hooke[6].
À Bécherel, entre Rennes et Dinan, le parc de Caradeuc s'en inspire, sur plus de 40 ha, et magnifie l’art du jardin classique. Dessiné par Édouard André en 1899, il allie styles français et paysager avec, autour du château, allées rectilignes plantées d’arbres locaux, parterres, boulingrin, salle de verdure et même un Tapis Vert en forme de lyre. Suivant un savant jeu de perspectives, ces éléments typiques guident votre regard vers les plus beaux points de vue, côté vallée de la Rance ou collines de Lamballe, et mettent en scène statues, vases, pots à feu, colonnes et fabriques. Lors de votre passage, dépliant de visite en main, vous découvrirez une remarquable statue de Louis XVI, des bustes d’empereurs romains ou une sculpture contemporaine du maître des lieux : le Procureur Général Louis-René Caradeuc de La Chalotais. Une œuvre naturelle, vivante et préservée, où l’on se plaît à déambuler en prenant son temps[7].
En 2025, l'Observatoire royal de Greenwich célèbre son 350e anniversaire
Les travaux d’astronomie menés à l’Observatoire royal de Greenwich, en particulier ceux des scientifiques Robert Hooke et John Flamsteed, premier astronome royal, permirent de mesurer exactement le mouvement de la Terre et contribuèrent au développement de la navigation mondiale. L’Observatoire est aujourd’hui le point de départ du système des fuseaux horaires et la mesure de la longitude autour du globe[8].
Qu'est-ce qui rend le méridien de Greenwich si spécial ?
Depuis la fin du XIXe siècle, le méridien de Greenwich divise les hémisphères est et ouest de la Terre, tout comme l'équateur divise les hémisphères nord et sud. Lorsque vous vous trouvez de l'autre côté de la ligne, vous avez un pied à l'est et l'autre à l'ouest !
Le méridien de Greenwich a également contribué à établir le système mondial de fuseaux horaires que nous utilisons encore aujourd'hui.
- ↑ https://astrorennes.fr/
- ↑ https://www.bretagneportedeloire.fr/
- ↑ https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000037864375
- ↑ https://www.ouest-france.fr/bretagne/becherel-35190/becherel-l-exposition-celestes-invite-a-regarder-les-etoiles-6905180
- ↑ https://www.rmg.co.uk/whats-on/royal-observatory/350-anniversary
- ↑ https://unesco.org.uk/our-sites/world-heritage-sites/maritime-greenwich
- ↑ https://www.tourismebretagne.com/offres/parc-du-chateau-de-caradeuc-becherel-fr-1966712/
- ↑ https://www.greenwichworldheritage.org/

